Avez-vous déjà connu une journée bien merdique dans votre vie ? Genre, la journée qui commence vraiment mal ; genre hop le petit orteil qui se heurte au coin du lit ; en bois, bien plus dur que vous en soit. Puis sortir de votre appartement sans vos clefs ; chiant, très chiant, ça. Et pour finir, vous faire heurter par une voiture ? Oui bon ok, le dernier point est peu probable ; mais ça arrive. Pour Lance, c'était une de ses journées bien merdique qui avait commencé. Pourquoi "merdique" demanderez-vous... ? Un petit récapitulatif s'impose.
Un garçon commence sa journée tranquillement, les cours se passent sans aucun problème ; bon, il s'endort encore sans crier garde ; mais c'est devenu d'une telle banalité que cela n'impressionne plus personne, ou pas, mais ce n'est pas important. Lance, il le sent, déjà à cet instant, il le sait, il le sait mieux que quiconque que cette journée va être des plus pourri ; sans doute, la journée la plus merdique de toute l'histoire de sa sombre existence. Il peste, jure entre ses dents, ne demande qu'une chose, que la journée s'achève au plus vite pour passer à la suivante ; en soit, c'est un souhait que le jeune homme faisait une fois par jour. Le vent souffle fort malgré ce beau temps ensoleillé, une fille accroche des affiches sur le tableau d'affichage ; chose à laquelle Lance n'aurait pas dû faire attention ; mais l'escabeau tangue et il s'élance à son aide comme un abruti... Il oublie, il oublie un peu trop souvent Lance ; qu'il est atteint d'hémophilie et qu'une simple blessure pour les autres était fatale pour lui. Le voilà qui saigne, saigne comme jamais, il vacille un peu ; juste un peu... Avant de tomber comme une grosse larve sur le sol. Oui, il y a des journées comme ça, des journées ou rien ne va ; des journées où il vaudrait mieux rester au lit, au chaud et ne pas se soucier du reste... Si seulement, si seulement ça avait été le cas pour Lance, si seulement il n'avait pas quitté sa chambre, ni son lit ce matin.
Les pupilles s'ouvrent et se referment aussitôt que la lumière n'entre en contact avec ses iris gris. Qui a allumé la lumière ? Pourquoi la lui met-on en pleine face ? Il n'en sait rien ; Lance ne comprend pas très bien où il est, ni ce qu'il fout allongé dans un lit qui apparemment n'est pas le sien. Il regarde autour de lui, après que ces yeux se soit habitué à la luminosité et balayent la salle du regard. Il la reconnaîtrait d'entre milles ; l'infirmerie. Quelqu'un l'avait donc amené ici ? Lance devrait vite retrouver cette personne et la remercié ; ou pas en fait. Depuis quand remerciait-il les gens ? Ce n'était aucunement son genre ; pas dans ses habitudes. Ce n'était tout simplement pas son style. Il s'étire, lentement, mais sûrement et se relève avant de se faire sermonner ; une fois de plus ; par l'infirmier. Journée chiante, journée blasante, éreintante. Il n'était pas du genre à sécher les cours non plus ; oui, ce n'est pas crédible, c'est quelque chose qu'il fait de temps en temps... L'heure, il regarde l'heure sur sa montre avec rapidité, l'heure de regagner son dortoir, pas pour dormir ; mais parce qu'il l'avait décidé. Le jeune homme se relève, arrange ses cheveux, attrape sa veste et son sac avant de se diriger vers la sortie. Il se sentait encore un peu faible, un peu fragile ; normal en soit... Bordel, il déteste ça ; être faible.
Lance atterrit bien plus vite qu'il ne le pensait au dortoir des Oxyx et plus particulièrement à sa chambre. Aucun de ses compagnons n'était là ; il ne pourrait donc pas emmerder Nemesis pour l'instant ; quel dommage. Attrapant son sac, il sortit de quoi noté et commença à étudier, il n'avait rien de mieux à faire pour l'instant. C'est ce qu'il aurait aimé dire ; mais ce n'était pas vraiment le cas. Écrire une lettre pour sa mère et son père adoptif, ce ne serait pas mal... Mais quand il pensa à sa dernière trouvaille, la porte s'ouvrit dans un fracas et d'une façon tellement bruyante qu'il fut aussitôt irrité. Sans daigner relever la tête de son bouquin, il lâcha sur un ton blasé et un peu cassant.
« Ouvrir une porte délicatement, ce n'est pas dans tes cordes ? » Cela lui prit quelques secondes avant de relever le regard et de voir la silhouette de la personne qui venait d'entrer en scène de façon à ne pas passer inaperçu. Phineas.
« Je vois que tu ne sais pas faire d'entrée conventionnelle ; bravo, je t'applaudis. » Ironie ou sincérité ? Aller savoir. Avec Lance, rien n'est sûr.