Les derniers rayons du Soleil chatoient dans le ciel printanier d'Alcyone, parant les façades rougeoyantes de reflets impressionnants. Dans quelques minutes, le quartier primordial s'assombrira de plus en plus pour accueillir la nuit dans un amas de lampadaires brillants.
C'est une heure de pointe, je le sais pertinemment, et c'est pour cette unique raison que je suis là. Bien sûr, ces rues sont toujours bondées, mais à cette heure précise, les gens sortent du boulot pour rentrer chez eux, ou au contraire, ceux qui travaillent de nuit s'empressent de rejoindre leur congénères nocturnes. Les derniers enfants qui profitaient de la chaleur après les cours retournent également à la maison.
En somme, le quartier primordial est une aubaine puisque tout le monde est obligé de le traverser pour aller où que ce soit.

Je m'installe près d'un pan de mur, contre lequel je dépose mon sac plein à craquer. J'ai l'habitude de venir à cet endroit précis, au croisement de deux rues souvent bondées, et bien que je fréquente également d'autres places, j'ai décidé de me donner en spectacle ici ce soir.
En premier lieu, je retire ma veste, bien trop encombrante, et me retrouve en tee-shirt noir. Me penchant sur mon sac que j'ouvre en un geste, je sors tout ce dont j'ai besoin : du matériel de jonglage, des torches, et d'autres petits accessoires.

De la poche de mon pantalon, je saisis un briquet dont je vérifie le niveau de gaz par réflexe. Fin prêt à commencer, le ciel s'est déjà obscurci. C'est parfait. Les flammes sont plus impressionnantes à ce moment-là qu'en plein jour.
Du pouce, j'enclenche le briquet et libère une petite flamme, que je regarde vaciller quelques instants. Je souris.

Le Prince des Flammes entre en scène.

Dans un souffle, j'amplifie le feu et le propulse au dessus des passants, qui reculent par surprise. Je recommence une seconde fois, maintenant que mon public est attentionné, sauf que cette fois, je divise la flamme en deux, plus longues et plus basses. De ma main tendue vers elles, je les dirige, je les déplace comme bon me semble, et les fait passer juste au-dessus de la foule, de sorte à ce qu'ils en sentent la chaleur sans pour autant les mettre en danger d'aucune sorte.
Je les ramène au dessus de moi, et je les fais serpenter entre elles, avant de souffler une troisième flamme, qui les rejoint comme si elle savait exactement quelle était sa place. Les murs autour de nous prennent une couleur d'autant plus rougeoyante, reflétant le feu qui prend de plus en plus de volume au dessus de moi.
La chaleur augmente, parce que c'est ce que je veux, et les trois flammes continuent à tracer de jolies formes en l'air, très vite rejoints par une quatrième et une cinquième.

Déjà, quelques passants, souvent des enfants, osent s'approcher pour venir déposer une ou deux pièces dans un petit récipient laissé au sol, sur lequel Wendy veille, roulée en boule à côté.