Même si la terre était tombée, même si tout changeait, quelque chose demeurait présent. Quelque chose que l’on ne devait pas trouver rassurant. Pourtant, penser que j’aurais encore des cours de combats après la catastrophe me plaisait. C’était comme de retrouver un élément de sa routine ; c’était agréable et relaxant d’une certaine façon. J’avais attendu trois mois, et j’allais faire de mon mieux.

Une fois rendu devant le simulateur, je salue brièvement tous les autres apprentis, avant d’entrer dans la salle avec mon coéquipier. J’observe immédiatement les alentours ; les arbres sont immenses, les branches assez hautes. Je doute qu’on puisse y grimper facilement.

« Je m’appelle Camille, je peux me camoufler. Et toi ? »

Rapide et précis, pas besoin d’en demander plus. D’autant que notre adversaire s’approche à grands pas. Son souffle bruyant se fait entendre derrière le mur végétal que forment les arbres. Sans plus attendre, je sors mon revolver et m’efforce de me fondre dans le décor. C’est toujours laborieux, et mes vêtements me trahissent, mais c’est mieux que rien.

« On pourrait essayer de l’étourdir en se planquant derrière les arbres et en attaquant chacun d’un côté. » je suggère à mi-voix. Je reste immobile, en attendant que la chose nous trouve.

C’est parti. Kazimir commence à faire du bruit, attirant le monstre dans sa direction. Il me créée une ouverture, et je lui en suis reconnaissant.

Je me faufile derrière l’ennemi, dans l’espoir d’attaquer de façon efficace. Je suis un peu surpris d’ailleurs. Ce monstre est vraiment laid. De dos, je crois qu’il porte une espèce de crane sur la tête. On dirait un mélange entre un minotaure et une gargouille en fait. Je fronce les sourcils, hésitant l’espace d’une seconde. S’il me capte, il voudra m’empaler avec ses cornes, j’suis sûr.
Mais si j’hésite trop longtemps, il atteindra Kazimir, et il tentera de le blesser.
Or, ce serait bien d’éviter ça.

Alors je me prépare, je vise, et je tire. Aussitôt, je me planque derrière un tronc d’arbre, sans même voir si mon tir a touché juste.

C’est avec soulagement que je vois l’adversaire blessé au bras. J’avais pas tiré à côté, au moins. Et puis la bête en a profité pour foncer sur moi. Je me mets immédiatement à courir entre les arbres pour lui échapper. S’il se focalise sur moi, Kazimir pourra attaquer plus facilement, et sans trop de danger. Tiens, en parlant de celui-ci, un cri strident se fait entendre, lorsque d’un coup il tombe sur notre ennemi sous sa forme animale.

« Merci ! » je lance en arrêtant de courir.

C’est la classe cette attaque. Mais je crois que ça énerve le gardien de la forêt, qui cesse de me suivre pour se concentrer sur mon camarade.
Ce qui signifie que c’est à mon tour.

Je ne peux décemment pas me permettre de tirer à vue ; ce machin bouge tellement que je risquerais de toucher Kazimir. Et ce serait pas terrible. Du coup, je me mets à le poursuivre, je me jette sur lui, et tente un tir à bout portant.

Mon attaque échoue ; je me mords la joue. Cette technique est mauvaise. Note pour plus tard : ne pas retenter. Etouffant un juron, je recule et m’efface pour laisser de l’espace à Kazimir s’il souhaite attaquer. C’est alors que le faucon souleva le monstre, avec aisance je dirais ! Ebahi, je l’ai suivi des yeux, jusqu’à ce qu’il lâche la bête, qui hurlait et se débattait hargneusement. Immédiatement, je me mis à courir jusqu’au point de chute.

Une fois sur place, je l'aperçois. Ratatiné, le monstre. Il ne bougeait plus. Un peu essoufflé, je me laisse tomber par terre, les jambes en tailleur.

« Félicitations, c’était du joli. » je lance à mon coéquipier. Avec une telle offensive, le gardien n’avait aucune chance. Je le fixe du regard, jouant distraitement avec mon revolver. A présent, nous n’avons plus qu’à attendre qu’un professeur arrive. Ce sera peut-être Artème. Je me demande s’il va bien.